Les Dix-sept Marches

On y pose le pied, rarement le regard, si ce n’est pour assurer son pas sur leurs faces glissantes, suffisamment traîtres pour qu’on les aborde avec prudence : les marches qui descendent à la Loire nous conduisent au fleuve comme autant d’ évidences posée là depuis toujours ou presque. Au Port-au-bois, à Gien, celles juste en face du domicile familial qui m’a vu naître ont conduit mes premières escapades d’enfant, jusqu’au pèlerinages de l’âge mûr, vers les berges si souvent fréquentées. Depuis le raidier, l’escalier de pierre plonge vers la cale ouverte sur l’eau claire et le sable blond. Chaque marche parle de l’homme qui a taillé le dur granit venu de l’amont, des coups reçus du temps qui passe, sans autres caresses que les culottes des marmots venus s’y asseoir entre deux jeux dans le grand épicéa, celui-là même qui encore aujourd’hui s’amuse de ses jeux d’ombre et de lumière sur la pierre grise.